BiZon
BiZon
Cyril Delon
Ou comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer le cinéma Français.
Avec son roman The Informers, l’auteur anciennement controversé Bret Easton Ellis
décrivait la faune humaine de Los Angeles. Il nous montrait des
personnages enfermés dans leur milieu social, perdant toute
individualité dans leur recherche d’originalité et de célébrité, et
vivant sans vraiment vivre. Je parle de ce bouquin déjà parce que c’est
un blog de littérature et que je ne suis que toléré ici [ndlf : ha mais
c’est qu’il en est conscient le bougre !], mais aussi car son titre a
été traduit en Français par Zombies, terme qui semble approprié pour décrire les personnages.
Et ça tombe bien puisque nous allons parler de zombies. Mais de zombies made in France.
En effet, le film du jour est bien plus confidentiel que les
précédents. Il s’agit d’un projet indépendant bien de chez nous, sans
visées commerciales et intitulé BiZon
(zombi(e), donc, en verlan bien de chez nous). Et comme je n’ai pas
tant de chose à dire que ça sur ce projet, je vais en profiter pour
parler de la place des films de genres dans le cinéma français. NAH !
Les zombies sont partout
Les premiers films de zombies datent des années 1940, avec des séries B comme Vaudou de Jacques Tourneur
(où les zombies ont pour origine le culte Vaudou, ou du moins une
vision fantasmée), et depuis ils ont conquis le monde. Je vais citer les
films de Romero, ou les classiques comme 28 jours plus tard
(voila c’est fait), mais le but ici n’est pas une histoire du cinéma
zombiesque. Aujourd’hui, les morts-vivants et autres contaminés sont hype et vendeurs, comme le prouvent les succès du blockbuster grand public (ce n’est pas péjoratif) World War Z (d’après le roman éponyme de Max Brooks) ou les séries The Walking Dead ou Z Nation.
Les zombies sont parfaitement intégrés à la culture pop, et on le
constate avec le nombre impressionnant de variations autour de ce thème.
Les comédies, parodies se font nombreuses (Shaun Of The Dead, Bienvenue à Zombieland…), et les détournements parfois absurdes et souvent douteux sont légions (des zombies nazis,
des castors zombies…). Bref, il était logique que nos amis zombies
envahissent le cinéma français, ou du moins n’en soient plus absent. Et BiZon, de Cyril Delon, notre film du jour, n’est pas le premier (on pensera à l’excellent La Horde de Yannick Dahan), mais la nature du projet fait qu’il me semble plus intéressant de parler de lui.
BiZon, une anthologie de cinq
courts métrages comiquo-horrifiques (surtout comiques quand même) se
déroulant dans un même contexte, est produite en 2013 (si je ne
m’amuse). La France est victime d’une contamination qui transforme les
braves gens en vilains zombies qui s’en prennent aux braves gens qui ne
sont pas encore des vilains zombies, une parabole des méchants des
angoisses sociales actuelles, peut être. Les quatre premiers films
racontent la réaction de quatre personnages face à leur découverte de
cette embêtante situation, chaque segment portant sobrement le nom de
son héros. Or, les quatre personnages sont tous des anti-héros au
possible, ce qui est plutôt cool.
La première, Gaëlle, est une jeune femme
malentendante qui trouve avec cette invasion de zombies une façon de se
venger de la société qui l’opprime. Le second, Julien, est un trader gay
(qui aurait sa place dans certains romans de Bret Easton Ellis
d’ailleurs) qui semble être le plus capable de quelque chose dans ce
joyeux bordel, et pourtant il est loin d’être l’homme de la situation.
Le troisième est Kader, un chômeur de vocation qui semble inapte à toute
sorte de vie sociale. Son segment nous offre une introduction au monde
merveilleux de la recherche d’emploi en passant (« mais pourquoi êtes-vous motivé par cet emploi ? – Ben, la thune… »). Le dernier est Michel, un laborantin tout à fait glandeur, mythomane, un peu (beaucoup) pervers et sacrément geek.
Le cinquième film nous montre nos quatre
héros rassemblés dans la même bande et qui tentent de survivre. Si les
quatre premiers ne dépassaient pas le quart d’heure de durée, le dernier
fait bien une demi-heure. BiZon reprend le système Marvel, sauf que ça ne coûte qu’une heure et demi et un ticket de cinéma (ou le prix d’un DVD car le piratage est un aller simple pour le dernier cercle de l’enfer comme chacun sait).
Indépendamment, les cinq films sont
plutôt égaux. Chaque film propose des idées de mise en scène toujours
astucieuses et adaptées aux personnages. Par exemple, pour représenter
l’isolement de Gaëlle dans son film, personnage mal entendant donc, on
nous montre le personnage en couleur dans un monde en noir et blanc. Ce
n’est pas bête, suffisamment original pour être remarqué et fort bien
fait techniquement. Le personnage de Julien est un trader et passe son
temps au téléphone. Il apprend l’arrivée de la contamination et des gens
qui se transforment en zombies via téléphone. Et sa môman
l’appelle car des jeunes voyous grognent a sa porte, et avec un
acharnement dérangeant. Au fur et à mesure des coups de fils du
personnage, nous comprenons ce qui se passe (car nous savons que nous
sommes devant un film de zombies), mais pas lui. C’est malin, que
dis-je ? Astucieux. Voilà c’est astucieux. Bigrement astucieux, même.
Certaines scènes sont même tout à fait réussies et n’ont rien à envier
aux cadors du genre. On peut citer la transformation en zombie d’un des
personnages dans le cinquième film, ou encore une scène de fuite où le
chaos de l’action est parfaitement mis en place, ce qui est un comble,
quand même, pour un chaos, quand bien même celui-ci serait granitique. Après, chacun aura son film préféré, en fonction de ses affinités avec tel ou tel personnage.
Mais c’est bien mis bout à bout que BiZon
prend tout son sens. Tout d’abord une cohérence visuelle, narrative et
de ton est gardée entre chaque film, bien qu’ils soient tous d’un
réalisateur différent. On retrouve toujours l’aspect très vidéo, la
surexposition ambiante et la caméra très libre de ses mouvements. J’ai
néanmoins globalement senti l’influence de 28 jours plus tard, mais aussi du cinéaste Gaspard Noé (Irréversible, Enter the Void), dans certains passages (notamment dans le segment Gaëlle). C’est une comédie, assez « trash »
(mais pas tant que ça contrairement à ce que le texte de début nous
promet), mais dont la dimension comique ne vient que des personnages.
Je m’explique, enfin j’essaie
Les situations ne sont pas drôles, les
personnages ont réellement peur et surtout sont en danger. Le côté
drôle, c’est qu’ils n’ont pas une réaction banale. Ils pètent des câbles
et massacrent tout le monde, ou se retrouvent à devoir survivre en
slip, ou sont attachés à un chèque plus qu’à leurs camarades, un peu
comme votre tonton juif – comment ça c’est déplacé et injurieux ? Alors nous, petit blog qui ne faisons même pas d’argent, on nous gueule dessus et lui on lui dit rien ? C’est un(e) s(c)andale !.
Et cet équilibre est parfaitement gardé (sans doute par une alchimie
inconnue des auteurs), ce qui permet aux scènes de tension d’être
pleinement ce qu’elles sont, et de fonctionner. De plus, malgré le côté
terriblement peu attachant des personnages, presque tous sont assez bien
gérés afin que, petit à petit, si l’on n’en vient toutefois pas à les
aimer, l’on s’y attache (ils nous font rire et sont peut-être les
derniers représentants de l’humanité, il m’en faut moins que ça). On
apprend aussi les origines de la contamination au fur et à mesure des
films, et ce par recroisement d’informations. Après, il est parfaitement
vrai que tout ceci est de l’ordre du ressenti, et donc est très
subjectif. Et je ne vais pas trop en dire pour ne pas vous gâcher le
film, si vous avez un jour la chance de tomber dessus, pas comme cette
enflure de Faquin a fait dans son dernier billet. [ndlf : c’est faux je m’insurge, c’est pas comme si je spoilais la fin de la saison V de GoT]
Mais bon, ne nous emballons pas, BiZon n’est peut être pas le Citizen Kane ou le Lawrence d’Arabie
des temps modernes, ni un chef d’œuvre, mais sans aucun doute un film
fort sympathique, dont la démarche surprenante et la certaine réussite
peuvent laisser entrevoir un beau potentiel pour toute son équipe. Et
comme je suis certes un Lemming, mais un Lemming Affranchi (je ne sais
pas du tout pourquoi ni de quoi mais bon il fallait un pseudo pour
cacher ma véritable identité à mes ennemis [ndlf : ouais, on va dire
ça]) et je me dois de relever quelques défauts. Certains comédiens (qui
sont surement amateurs et il convient de saluer leur engagement) ont un
jeu qui pique parfois aux yeux, certains passages font vraiment
« amateur », comme dans un bon vieux porno des familles. Si on voulaitt
couper les cheveux en douze, je signalerais que les authorings
du DVD (les menus et leur déroulement) sont particulièrement peu
pratiques, mais on ne juge pas un film sur son édition vidéo. Enfin, pas
moi [ndlf : moi, si]. Et puis on n’est pas comme ça [ndlf : moi, si²].
Il convient néanmoins de parler de
comment le projet est venu au monde, et de comment je l’ai découvert par
le plus grand hasard. L’association A304 Prod (dont voici le site web) a produit BiZon en 2013 en dehors des circuits de production classiques, à partir de crowdfunding (My Major Company),
mais surtout grâce à une bonne grosse dose de passion, une équipe
composée d’amateurs expérimentés et de professionnels bénévoles, comme
un aprem chez Pôle Pot Emploi.
C’est donc un projet indépendant dans toute sa splendeur, sortant pour
ainsi dire de nulle part (non pas que les personnes qui l’ont fait
n’aient rien fait avant). J’ai longtemps hésité à parler de ce film, car
il est très dur à trouver (vendu irl uniquement à la Fnac de
Perpignan). En effet il n’a pas été diffusé en salles ni en vidéo, et
pas que je sache sur l’internet mondial. J’ai découvert le film en
participant au financement participatif d’une édition vidéo, dans un
élan de générosité dont moi, mes femmes et mes docteurs ignorons
l’origine, qui m’a valu l’obtention d’un DVD. Avant cette édition vidéo
(réservée pour l’envoi à des festivals semble-t-il), BiZon a été projeté dans pas mal de salles de cinéma indépendantes (qui ne font donc pas parti des chaînes de cinéma comme UGC ou Pathé pour ne citer que les deux plus connues), notamment dans la glorieuse capitale des ducs de Bourgogne qu’est Dijon,
mais aussi des petites bourgades de province comme Paris ou Perpignan.
Je crains donc qu’il soit difficile de trouver ce film si on ne tombe
pas dessus lors d’un festival. Mais si c’est le cas, je vous encourage à
foncer le voir et à faire un grand salut de ma part à cette équipe qui
ne démérite pas. Notons que le film a été sélectionné dans une des
nombreuses sélections de courts métrages du festival de Cannes 2015, ce qui pète la classe.
Je ne peux m’empêcher de parler d’un
détail qui m’a bien fait rigoler. Sur la jaquette du DVD on peut trouver
des citations, des commentaires positifs sur le film dans le but
d’attirer le spectateur, et l’un d’eux est de Jean-Pierre Mocky, sans doute le cinéaste le plus rock’n’roll de France, qui nous gratifie d’un « J’aurais pas fait pire »
assez rigolo. Parler des citations de la jaquette me permet de faire
une habile transition. Catalogue Info (je ne sais pas du tout ce que
c’est) dit du film « Le meilleur film fantastique français depuis La Soupe aux choux ». Le cinéma fantastique français, en voila un sujet. Parler de BiZon, en plus de faire un peu de publicité pour un film qui en a plus besoin que Mad Max, me permet surtout de me pencher sur le cinéma fantastique français.
Omelette du fromage
Pourquoi est-il si anecdotique ? L’est il vraiment ? Pourquoi si peu de films et tant de formidables romans et BDs fantastiques made in France ?
Soyons fou, étendons la question jusqu’au cinéma de genre dans notre
beau pays. Par cinéma de genre j’entends l’horreur, le fantastique,
l’action, la SF et on pourrait étendre au thriller, en gros. Ce n’est
sans doute pas la définition exacte (je crois que tout le monde a sa
définition), mais on s’en contentera.
Pour présenter BiZon, j’ai avant
tout parlé de sa nationalité française, que c’était un film de zombies
français. Pourquoi ? Eh bien parce que c’est assez rare pour le
souligner, tout simplement. Le cinéma français a une très mauvaise image
auprès de toute une branche du public, et en premier lieu le public
amateur de film de genre. Quand on pense à cinéma français, on peut
facilement penser aux quantités astronomiques de comédies n’allant pas
au bout de leur concept, filmées comme des téléfilms sans le sous, et
calibrées pour bien passer auprès d’un public très large, qui finalement
ne touchent pas grand monde. On pense souvent aussi aux films d’auteurs
(avec des phrases en guise de titre comme De battre mon cœur s’est arrêté ou La prochaine fois je viserai le cœur,
bien que ce soient de très bons films en l’occurrence) filmés dans un
pseudo réalisme social sur des tenanciers de galeries d’arts parisiennes
se posant des questions existentielles en buvant du café, ou nous
plongeant dans un misérabilisme qui se veut dénoncer l’injustice sociale
ou autres (ce qui est bien en soi) mais qui perdent tout sens tant ils
sont unidimensionnel.
Eh bien tout cela n’est que cliché et
mauvaise volonté, de plus tant qu’un style de cinéma trouve son public,
il convient de ne pas cracher dessus (ce n’est pas hygiénique et bafoue
les règles élémentaires de la vie en société [ndlf : moi, j’m’en fous]).
Mais tout cela dénote une certaine réalité. Oui, le cinéma français
semble fermé et surtout hostile au cinéma de genre et par extension à
son public, toujours plus nombreux. Il convient néanmoins de se poser la
question du pourquoi.
Tout d’abord la France reste ce qu’on
pourrait appeler une grande puissance du cinéma mondial. D’un point de
vue historique dans un premier temps, mais aussi dans le nombre de
productions et les fonds investis. Certes, on ne retrouve pas de
mastodontes aux budgets similaires aux méga-productions US (Fast and Furious, Batman ou les Hobbits),
mais pour la taille de son marché, le cinéma français investit
beaucoup. Ensuite, notre cinéma s’exporte plutôt bien, même si
évidemment cela ne concerne que peu de films et le problème de la langue
se pose toujours. Je vais citer un exemple avec La Belle et la Bête de Christophe Gans qui
a fait un carton en Chine notamment (où il a été bien mieux accueilli
que chez nous d’ailleurs). Mais l’élément le plus important qui prouve
une certaine bonne forme du cinéma du pays aux 365 fromages [ndlf : dont
l’époisses ; n’oublions pas l’époisses. Surtout pas], c’est bien sûr le
nombre de spectateurs qui reste formidable, et autant pour des
blockbusters américains que pour des films locaux.
De plus, le modèle du cinéma français est
unique au monde. L’investissement des autorités publiques, que ce soit
les régions, l’État ou les villes, est l’un des plus élevé au monde (si
l’on oublie les « films d’État » sponsorisés par certains régimes
autoritaires). Ensuite, une taxe sur chaque ticket de cinéma (que ce
soit Iron Man ou La Famille Bélier)
permet d’aider au financement la production française. Il n’empêche que
produire un film en France reste un parcours du combattant. Ce système,
combiné à la protection des auteurs d’un film en tant que tel, protège
considérablement les démarches artistiques d’un engloutissement par les
démarches commerciales, et est rigoureusement opposé au modèle
anglo-saxon, plus « privatisé ». Bref nous disposons d’un système où
l’expression artistique est protégée et devrait être optimale, et je ne
vais pas insister dessus car mon but n’est pas d’en faire la publicité,
ni de parler politique culturelle et encore moins de faire la promotion
pour notre pays [ndlf : pas la peine, on est les Fromages qui Puent, et
on est les meilleurs ! AHOU !]. Et il convient d’ajouter qu’à peine 15%
des films frenchies se remboursent, et que cela ne freine pas
la production, ce qui est incroyable. Ce système se fragilise cependant
de plus en plus (que ce soit avec les polémiques autour du statut
d’intermittent du spectacle, ou du bien fondé d’une telle politique en
période de crise), et c’est une des trop nombreuses causes à défendre en
ce moment. Mais retournons à notre question de base.
Nous pouvons constater une certaine fuite
des talents de cinéastes français vers Hollywood pour justement
s’investir dans des films de genre. L’exemple le plus prestigieux est Alexandre Aja qui, après quelques films d’horreurs en France (le très efficace Haute tension), connait une carrière de plus en plus passionnante aux USA (La colline a des yeux, Mirrors, Piranha 3D, Horns). Je signale en passant que son scénariste et producteur Gregory Levasseur sort bientôt sa première réalisation, Pyramide (qui n’est pas l’adaptation du jeu TV
du même nom, rassurez-vous). La majeur parties des « réfugiés
artistiques » ne réussissent cependant pas à s’imposer, ou enchaînent
des projets sans grande liberté, comme Louis Leterrier (L’incroyable Hulk, Le Choc des titans, Insaisissables) ou Mathieu Kassovitz dans sa période US (Babylon AD, Gothika).
Cependant, le cinéma de genre made IN France existe, et on peut même dire qu’il a presque été inventé par chez nous, avec pour ne pas le citer George Méliès et ses moustaches (son Voyage vers la lune est l’ancêtre de 2001, L’Odyssée de l’espace, Star Wars ou encore Contact). En restant dans « l’ancien », parlons de Jean Cocteau et sa Belle et la Bête qui reste un classique mondialement reconnu, et bien sûr celui qu’on a cité plus haut, La Soupe aux choux (une utilisation des extra terrestres bien différentes de La Guerre des Mondes,
tous deux tirés de romans éponymes). Plus récemment, des grands noms
ont su proposer des projets ambitieux et qui ont rencontrés leur public,
je pense à Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro avec leurs contes cyberpunk que sont Delicatessen et La Cité des enfants perdus, mais aussi M. Blockbuster Français, Christophe Gans, avec Le Pacte des loups et La Belle et la Bête (sa version de 2014), et bien sûr le mal-aimé Luc Besson qui continue à réaliser et produire en France des films de SF (Lucy, le plus gros succès franchouillard de l’Histoire aux States), d’aventures (Adèle Blanc-Sec), d’horreur (Frontière(s)) et d’actions (Taken qui est un film français par Pierre Morel).
De plus, périodiquement, un film sort un
peu de nulle part et rencontre un succès commercial ou critique (lors de
festivals) comme ce fut le cas pour Martyrs de Pascal Laugier ou Frontières de Xavier Gens,
tout deux partis travailler aux États-Unis depuis. Bref,
épisodiquement, le cinéma de genre français est redécouvert par le
public et la presse. Et tant qu’on est là, on va mentionner la série TV Les Revenants, dont le traitement fascinant des morts-vivants fait un carton, mais aussi la beaucoup moins connu adaptation de Metal Hurlant, Metal Hurlant Chronicles, qui se vend partout autour du globe.
M’enfin
Mais pour autant, la plupart des essais
de films de genre en France se plantent, et ce presque systématiquement.
Les exemples que j’ai pu citer plus haut sont des exceptions. Le cinéma
de genre s’adresse à un public particulier, un public d’amateur mais
qui est une minorité. Dans tous les cas que j’ai cité plus haut, ce sont
les ventes à l’étranger qui ont fait de ces films des succès, bien plus
que les ventes en France. La très bonne forme du cinéma de genre
japonais, espagnol ou coréen vient du fait qu’ils s’exportent de mieux
en mieux auprès de communautés d’amateurs au travers du globe.
Il est de plus en plus simple, ou du
moins de moins en moins dur, de produire un film, dans le sens de le
tourner, de le monter, avec les moyens numériques notamment, BiZon
en est une preuve. Mais la difficulté est de le montrer à un large
public. Si les festivals peuvent être une bonne fenêtre, cela ne touche
qu’une minorité de films. En France, énormément de films ne sortent
jamais, bien qu’ils existent, mais personne ne les voit, parce qu’ils ne
sont pas diffusés, ou bien de manière totalement anecdotique. Toutes
ces considérations, combinées à un manque de crédibilité auprès du
public et de la critique, explique sans doute le coté anecdotique du
cinéma de genre en France, et la frilosité extrême des producteurs. Mais
une sorte d’espoir peut venir de projets comme BiZon qui se
battent pour exister et finiront peut-être par avoir une réputation et
entraîner d’autres projets et dévoiler de jeunes talents. Enfin, on
espère. En attendant, il reste énormément de films à soutenir en salle
(ce sont les plus petites choses qui peuvent changer le monde, bon je
m’emporte), de projets à aider pour contribuer à un cinéma plus varié.
C’est beau.
Lemming Affranchi
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